GOGOLZILLA
Sur la papier, Rampage – Hors de contrôle avait tout du produit emballé à la va comme je te pousse, répondant aux désidératas d’une industrie hollywoodienne en quête de marques estampillées 80’s. D’où cette adaptation de derrière les fagots qui entend transformer en blockbuster le jeu de destruction éponyme, au principe sommaire et à l’intrigue embryonnaire, plus ou moins tombé dans l’oubli. Contre toute attente, cette ode à la rupture d’anévrisme apocalyptique vaut bien mieux que sa genèse, et s’impose comme un condensé de plaisir brut et candide.
La réussite de l’ensemble tient essentiellement au travail accompli par Brad Peyton, propulsé maître d’œuvre après avoir emballé San Andreas, condensé de destruction porn plutôt bien reçu et couronné de succès au box-office. On retrouve ici la rigueur qui présidait à son précédent film, dans lequel officiait déjà Dwayne Johnson. Non seulement Rampage multiplie les séquences extrêmement spectaculaires, sans même atteindre la barre des deux heures de métrage, mais il a la bonne idée de soigner tout particulièrement ces accès de furie opératique.
Aussi démesurée ou ravageuse que soit l’action, elle demeure toujours impeccablement lisible. Mieux encore, chaque scène déchaînant à l’écran le chaos animalier nous offre une succession de plans composés avec grand soin, où se côtoient des jeux d’échelle jubilatoires et quantité de clins d’oeil allant de Gorgo, Le Monstre des temps Perdus, à King Kong ou Godzilla.
Peyton était manifestement le candidat parfait pour le projet ainsi qu’en témoigne l’excellente facture etchnique de l’ensemble. A l’heure où la fabrication accélérée de super-blockbusters est synonyme d’effets spéciaux grossièrement finalisés, on apprécie la finesse de l’ensemble des effets et le soin apporté dans le rendu des monstres.
De la nécessité d’avoir une bonne assurance
BREAKING DWAYNE
Rampage – Hors de contrôle marque certes des points quand on y ravage un zoo, pulvérise un avion ou piétine Chicago, mais le métrage surprend également dans la gestion de son ton, beaucoup moins aseptisé qu’attendu. Etonnamment violent pour une production PG-13, les membres arrachés y pleuvent, quand les tripes de cartoonesques seconds rôles ne repeignent pas le décor. Le film touche de la griffe le style décomplexé d’un certain cinéma de divertissement, où les sursauts graphiques cohabitaient avec une adrénaline bon enfant.
On trouve ici et là de pures saillies horrifiques, qui s’accommodent idéalement d’autres passages beaucoup plus lumineux et pop-corn, notamment lors des apparitions de Malin Akerman, parfaite en diabolique capitaliste branchée manipulation génétique. Le travail de la photo n’est pas étranger à cette réussite, Jaron Presant composant une lumière mordorée qui habillent avec élégance les structures et textures que la narration se complait à tordre ou exploser.
Le meilleur acteur du film est situé à gauche de l’image
Seule véritable déception de ce donut fourré à la grenade, la prestation de Dwayne Johnson, qui apparaît de moins en moins convaincant au fur et à mesure qu’il s’entête à décliner un personnage unique aussi fonctionnel que fadasse. On comprend que la star veut dupliquer la recette d’un Schwarzenegger, qui avait su trouver une persona surplombant tous ses personnages jusqu’à devenir une marque.
Mais là où son illustre prédécesseur était défini par des attributs spécifiques, c’est en négatif que se conçoit le héros Johnsonien. Héros sans âge, héros sans conviction, héros sans trauma, héros sans sexe (au point de reléguer littéralement les plaisanteries en dessous de la ceinture à son acolyte simiesque), il n’est qu’un playmobil gonflé aux hormones de yack carnivore, totalement désincarné, incapable d’apposer une quelconque âme dans un blockbuster qui se passerait très bien de lui.