Momo

Date de sortie 03 Mai 2018 (1h 25min)

 

Genre Comédie
Nationalité français

 

Un soir, en rentrant chez eux, Monsieur et Madame Prioux découvrent avec stupéfaction qu’un certain Patrick s’est installé chez eux. Cet étrange garçon est revenu chez ses parents pour leur présenter sa femme. Les Prioux, qui n’ont jamais eu d’enfant, tombent des nues… D’autant que tout semble prouver que Patrick est bien leur fils. Patrick est-il un mythomane ? Un manipulateur ? Les Prioux ont-ils oublié qu’ils avaient un enfant ? Madame Prioux, qui souffre de ne pas être mère, s’invente-t-elle un fils ?

Dans ces temps de tolérance réduite où le moindre soupçon de politiquement non correct déclenche déjà la polémique, il est bon de mentionner que le nom de Christian Clavier associé au mot handicap ne signifie pas obligatoirement dérapage, même si Momo n’est sans doute pas la comédie la plus légère de l’année. Clavier ne fait que se glisser, de manière plus apaisée qu’à l’ordinaire, dans un scénario adapté du texte de la pièce qui fit les beaux jours du Théâtre de Paris à la rentrée 2016. Si Christian Clavier et Catherine Frot reprennent les rôles occupés sur les planches par François Berléand et Muriel Robin, la réalisation est co-assurée par Vincent Lobelle, à qui l’on doit la comédie fantastique Les dents de la nuit en 2008 et Sébastien Thiéry, auteur de la pièce, connu pour son goût de l’absurde et de la provocation (on se souvient de son intervention en tenue d’Adam face à Fleur Pellerin, alors ministre de la Culture, lors de la cérémonie des Molière 2015, où il tenta de défendre le régime des intermittents). Il entend faire rire, aucun sujet ne l’arrête et il ne renonce à aucune folie pour y parvenir.         

                                                                              Les accrocs et les dysfonctionnements de la vie ont ses préférences. Si le thème de la maternité ici abordé et des difficultés relationnelles parents/enfants peut toucher tout le monde, le choix du mode loufoque qu’il surdose de handicaps en tous genres, dans le seul but d’accentuer le trait, risque bien de l’isoler d’une certaine partie du public.Le déroulement de l’intrigue reste le même qu’au théâtre. Le cinéma lui accorde un cadre plus ample et de ce fait plus efficace. Vincent Lobelle, habitué des films publicitaires, soigne particulièrement, sans trop en faire, les décors et les ambiances, transformant le huis-clos de la pièce en un quotidien coloré réaliste et vivant. Il chasse Clavier de son univers de bourgeois habituel loin des moulures et des dorures, l’installe dans un environnement contemporain sobre et lui assure ainsi une stature à la fois plus sereine et plus ambiguë.Le couple Prioux (Clavier/Frot) composé d’une DRH habituellement peu disposée à se pencher sur les déboires de l’humanité qui finalement se découvre douce et pleine de compassion face à cet enfant inespéré qu’elle apprend à aimer malgré son handicap, et d’un homme à l’esprit plus que cartésien qui bien que persuadé d’avoir affaire à un escroc s’ouvre peu à peu à l’indicible, bascule, entre tendresse et absurdité, dans un univers de folie et d’émotion qu’il nous fait partager avec talent. La complicité des deux comédiens ne fait aucun doute et permet d’amortir l’excès de gags dépourvus de drôlerie et de situations prévisibles véhiculées par ce couple surréaliste du sourd et de l’aveugle qui vrille le sujet à force de le surexploiter.
Poser la question de la différence dans nos sociétés paranoïaques et rigides reste une idée louable et potentiellement humoristique. Un peu plus de mesure aurait sans aucun doute aidé à une meilleure adhésion.