Les Tuche 3

Date de sortie 3 Juin 2018 (1h 32min)
Genre Comédie
Nationalité français

Jeff Tuche, se réjouit de l’arrivée du TGV dans son cher village. Malheureusement, le train à grande vitesse ne fait que passer, sans s’arrêter à Bouzolles. Déçu, il tente de joindre le président de la République pour que son village ne reste pas isolé du reste du territoire. Sans réponse de l’Élysée, Jeff ne voit plus qu’une seule solution pour se faire entendre : se présenter à l’élection présidentielle… Profitant de circonstances politiques imprévisibles, Jeff Tuche et toute sa famille vont s’installer à l’Élysée pour une mission à haut risque : gouverner la France.

 

Tous les chemins mènent à Rome. C’est peut-être la seule faut de goût dans le scénario des Tuche 3. Pour le reste, cette histoire de conquête de l’Élysée est absurde à souhait. C’est bête mais si bon. Est-ce si stupide d’ailleurs, lorsque tout est mis en œuvre pour montrer la sagesse populaire de Jeff Tuche? Le chômeur aux cheveux moussus souhaite que le TGV s’arrête à Bouzolles, dont il est devenu maire. Cela mettrait le village à deux heures de la capitale.

Mais le train file. Début d’une aventure décoiffante. Soutenu par son clan, l’édile va se présenter à l’élection présidentielle. Un homme sorti de nulle part qui, à la suite des abandons des favoris (aux motifs d’un emploi fictif d’une épouse pour l’un ou d’un goût immodéré du coupé-décalé pour l’autre, candidat du FN), termine sur la plus haute marche de l’État, cela ne vous rappelle rien? Même si Jean-Paul Rouve, impérial dans son rôle de tendre beauf, se défend d’avoir coécrit une comédie politique, on ne peut s’empêcher de rapprocher cette histoire, imaginée bien avant l’irrésistible ascension d’Emmanuel Macron, de notre réalité.

Encore plus drôle

Une prise de pouvoir qui donne des situations savoureuses. Cathy Tuche terrorise le chef de l’Élysée pour qu’il réussisse ses frites. On ne se lasse jamais des running gags. Wilfried, toujours aussi bas du front, martyrise son bodyguard tandis que les aventures sentimentales de Stéphanie prennent une tournure inattendue. Son nouvel amour Barna Bé, joué à merveille par Nicolas Maury (secrétaire de la série Dix pour cent), personnage d’écrivain sangsue, attiré comme un bombyx par les lumières du Palais, existe. On l’a déjà rencontré sous tellement de visages.
Que devient Donald, alias Coin-Coin, le surdoué de la famille? Il est en pleine déprime. Ou plutôt comme l’a bien compris sa mère, en pleine «Cuberté». Autrement dit par Jeff Tuche: «Il a le feu dans le slip.» Tout cela ne volerait pas bien haut? Détrompez-vous: Les Tuche, c’est du sérieux. Ils proposent une tendre vengeance à ceux qui ne peuvent s’exprimer. Et réduisent à leur manière, qu’on la juge vulgaire ou non, la fracture sociale. Avec eux, la France périphérique est remise au centre du jeu. Ce renversement des valeurs, le pays d’en bas qui goûte aux privilèges d’en haut, ne doit pas faire oublier que Les Tuche reste une comédie. Plus corrosive que dans les deux premiers volets. Encore plus drôle aussi, digne des riches heures des Nuls de Chabat ou Carette. Pour un quadra, qui a vu ce troisième épisode avec ses enfants pliés en deux à ses côtés, ce n’est pas un piètre compliment.