Lady Bird
Date de sortie 28 février 2018 (1h 35min)

 

Genres Drame, Comédie
Nationalité américain

 

Christine « Lady Bird » McPherson se bat désespérément pour ne pas ressembler à sa mère, aimante mais butée et au fort caractère, qui travaille sans relâche en tant qu’infirmière pour garder sa famille à flot après que le père de Lady Bird a perdu son emploi.

 

Un film personnel, d’une belle sincérité dans ses excentricités et sa capacité à retranscrire, sans pathos, la complexité des rapports familiaux et le passage à l’âge adulte. Greta Gerwig réalisatrice excelle.

Notre avis : On la connaissait en paumée maladroite dans un univers de conte allenien (To Rome with love, Damsels in Distress, Le Teckel, Mistress America et surtout Frances Ha) ; son allure pataude, sa diction décalée et ses humeurs atmosphériques en faisaient une personnalité des plus attachantes de la scène indépendante. Il faut compter désormais sur la réalisatrice pour enchanter nos soirées.
Pour son premier film derrière la caméra, Greta Gerwig a fait un carton aux USA. Des critiques dithyrambiques, des scores épatants au box-office pour une production destinée aux art theatres (en gros l’équivalent de nos salles d’art et essai) et deux belles récompenses aux Golden Globes, à savoir Meilleur film dans la catégorie comédie et Meilleure actrice pour Soairse Ronan.
Pourtant le sujet – l’initiation à l’âge adulte d’une lycéenne en dernière année d’High School, qui s’évertue à tout tenter pour quitter sa paisible bourgade de Californie pour établir sa carcasse d’artiste en herbe dans la grande pomme, et changer radicalement de vie -, tend, sur le papier, à convier tous les clichés inhérents aux productions indie sur les petites villes de province américaine, où les caractères et personnalités hors du moule se sentent étouffer. Sont-elles d’ailleurs les seules ? Gerwig se livre donc à une introspection de ce microcosme.

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Certes, Lady Bird n’a pas l’originalité thématique de son côté, mais pourtant son caractère d’œuvre miroir où Ronan semble refléter magnifiquement les truculences de la cinéaste, brille par la sensibilité de ses portraits adolescents et adultes, alors que les craintes et/ou souffrances des uns et des autres, qu’ils soient adultes ou plus jeunes, s’exposent, de façon plus ou moins affichée, avec une perspicacité de regard qui ne laisse jamais place au cynisme, à la condamnation ou à l’exagération.
Alors que Lady Bird (le personnage de Saoirse Ronan exige que, des parents aux professeurs, tout le monde s’adresse à elle par ce nom de substitution) évolue vers une compréhension des faux-semblants ou des compréhensions des autres autour d’elle, parfois en se brûlant les ailes, Gerwig réalisatrice met en scène des sensibilités qu’elle connaît merveilleusement bien, jusque dans leurs contradictions (l’amour d’une mère et sa rigidité, la bienveillance paternelle pourtant figure dépressive, le bellâtre romantique aux valeurs altermondialistes qui se joue en fait de la virginité des jeunes femmes…).

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Avec son tempérament lunaire d’actrice décalée, et ses aptitudes solaires de rigolote du verbe, qui est capable d’irradier nos séances de son humour désabusé, Greta Gerwig sonde avec attendrissement, élégance et acuité ce passage à l’âge adulte, berceau de ses propres contradictions (l’amour et le rejet pour son bled…).
Dans son portrait de « Lady Bird » et dans l’évolution de celle-ci, Greta Gerwig convoque l’universalité à la table de ses propres excentricités.
Rares auront été les divertissements aussi humains et donc aussi pertinents.
Lady Bird est un délice.