La Promesse de l’aube

Date de sortie le 26 Avril 2018

 

Nationalité français

 

De son enfance difficile en Pologne en passant par son adolescence sous le soleil de Nice, jusqu’à ses exploits d’aviateur en Afrique pendant la Seconde Guerre mondiale… Romain Gary a vécu une vie extraordinaire. Mais cet acharnement à vivre mille vies, à devenir un grand homme et un écrivain célèbre, c’est à Nina, sa mère, qu’il le doit. C’est l’amour fou de cette mère attachante et excentrique qui fera de lui un des romanciers majeurs du XXème siècle, à la vie pleine de rebondissements, de passions et de mystères. Mais cet amour maternel sans bornes sera aussi son fardeau pour la vie…

 

Récompenses 6 nominations

 

Une oeuvre cinématographique à la dimension du chef-d’oeuvre romanesque.

Mystificateur, fantasque, adulé par une mère qui ne lui a laissé d’autre choix que de devenir un personnage hors normes, Romain Gary (Roman Kacew de son vrai nom) a de quoi séduire les cinéastes, même ceux qui se sont illustrés dans des genres totalement différents que celui du biopic (avec Serpent en 2006, puis Le dernier diamant en 2014, Eric Barbier est plutôt abonné aux thrillers).
De la Pologne des années 20 au Mexique des années 50, des champs d’aviation au désert d’Afrique, de la France d’avant-guerre à Londres sous les bombes, Eric Barbier exploite tous les aspects fantastiques de la vie de Romain Gary pour nous immerger dans une magnificence que certains jugeront sans doute excessive ou désuète mais qui a l’avantage de nous ramener au cœur d’une épopée historique et spectaculaire telle que le cinéma n’en propose plus guère aujourd’hui.

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S’il est vrai que les plans de départ d’une Wilno inquiétante entre neige et brouillard, loin de tout réalisme s’apparente trop à une reconstitution forcée, on se laisse vite happer par ce récit foisonnant intelligemment adapté de l’un des romans les plus célèbres et porté par un casting de choix, à commencer par une Charlotte Gainsbourg méconnaissable. Bien loin des personnages larmoyants auxquels elle nous a habitués ces derniers temps, elle vibre sous les traits de Mina, cette mère juive à la fois attachante et monstrueuse. Pour incarner cette femme excentrique, dotée d’une énergie et d’une force de caractère incroyable, elle ose alourdir sa silhouette de vêtements encombrants. Au risque de frôler la caricature, elle adopte une voix rauque teintée d’un accent slave. Et ça marche !

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Le couple mère/fils qu’elle forme avec Pierre Niney, dont les nuances de jeu traduisent fidèlement la personnalité multiple de son personnage, reste l’élément central du film, celui autour duquel personne ne s’agrège. Quelques silhouettes le contournent nous donnant la joie de croiser Didier Bourdon ou Jean-Pierre Darroussin le temps de quelques scènes mais s’éloignent bien vite, de peur de ne troubler cet amour fusionnel. Même quand, en dernière partie, tous les codes du cinéma d’action se mettent en place, c’est encore le face-à-face Mina/Romain qui prévaut. Ces deux-là sont liés par une double promesse. Celle que Nina a faite à son fils de l’aimer quoi qu’il advienne, de le soutenir de manière inconsidérée. En échange, Romain lui promet de réussir et de devenir célèbre.

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On constate alors que la dynamique du film s’avère être la revanche. Romain a vu sa mère bafouée et humiliée et il veut la venger de toutes ces injustices. Sur fond d’idéalisation de la France de l’entre deux-guerres qui nous réserve quelques belles séquences emblématiques, le film propose un éloge de la volonté, de la tolérance et de l’héroïsme. Entre mélancolie et humour, dépouillé de la moindre trace d’amertume et de cynisme, il exalte une vision de l’existence et permet à chacun d’entre nous de s’identifier au héros à travers ce parcours initiatique sur le thème universel et indémodable de la maternité que cette citation proférée par le principal intéressé résume à point « Avec l’amour maternel, la vie vous fait, à l’aube, une promesse qu’elle ne tient jamais »