La Planète des Singes – Suprématie
Nationalité américain

 

Dans ce volet final de la trilogie, César, à la tête des Singes, doit défendre les siens contre une armée humaine prônant leur destruction. L’issue du combat déterminera non seulement le destin de chaque espèce, mais aussi l’avenir de la planète.

 

Hollywood n’est pas encore mort. On critique si souvent l’industrie des rêves pour la médiocrité de ses scénarios et la réutilisation des formules les plus éculées que l’on oublie parfois sa capacité à créer de grands divertissements universels. «La Planète des singes : suprématie» tient ainsi du parfait contre-exemple à la crise d’imagination que traverserait le cinéma américain. Le meilleur blockbuster de l’été est en effet le troisième épisode d’une saga « rebootée» il y a six ans de cela. Une saga culte de cinq films, extrapolation du génial roman d’anticipation du Français Pierre Boulle que Tim Burton lui-même avait tenté de ressusciter au début des années 2000. 

Le premier épisode mis en scène par Rupert Wyatt avait établi les bases d’une franchise centrée sur les primates et non sur les humains. Le deuxième, déjà réalisé par Matt Reeves, lançait les hostilités mais espérait encore une réconciliation entre les singes et les hommes. Plus de place à l’espoir au début de «La Planète des singes : suprématie». La guerre tant redoutée est là et ce dès son incroyable scène d’ouverture. Les singes sont les nouveaux «indiens», les humains, des colonisateurs qui cherchent de nouveaux esclaves. Biberonné au cinéma de genre auprès d’un certain J.J Abrams, Matt Reeves revisite les films de son enfance : «Apocalypse Now» pour le côté très Marlon Brando du Colonel incarné par un parfait Woody Harrelson, «Jeremiah Johnson» pour l’aspect western enneigé et la recherche d’un monde meilleur à l’écart de la société des hommes , «Les Dix commandements» bien sûr, quand l’exode des primates prend une dimension quasi-biblique avec César en nouveau prophète. Et ce n’est pas un hasard si «La Planète des singes : suprématie» rend aussi hommage au «Pont de la rivière Kwaï» dans son dernier tiers. Il s’agit de l’autre roman célèbre de Pierre Boulle…

Pas besoin d’être cinéphile pour apprécier le spectacle. Un grand souffle d’aventure balaie le futur froid imaginé par Mark Bomback et Matt Reeves et la première heure est une véritable leçon de cinéma épique. Impossible de ne pas éprouver d’empathie pour le sage César qui se lance à corps perdu dans une véritable course-poursuite pour retrouver l’assassin qui a tué son fils et sa compagne, lui qui cherchait toujours une solution pacifique au conflit avec les humains. Le récit patine un peu quand il se retrouve à son tour prisonnier, «Spartacus» des temps modernes que l’on crucifie pour l’exemple. Mais Matt Reeves en a gardé sous le pied pour un final d’anthologie qui mêle effets spéciaux numérique XXL et émotions bien réelles. Une vraie réussite qui doit aussi beaucoup à Andy Serkis, l’homme derrière le singe, l’acteur derrière l’effet spécial. On rêve d’une nomination aux Oscars pour la profondeur de sa performance.