Ghostland
Interdit aux moins de 16 ans

 

Suite au décès de sa tante, Pauline et ses deux filles héritent d’une maison. Mais dès la première nuit, des meurtriers pénètrent dans la demeure et Pauline doit se battre pour sauver ses filles. Un drame qui va traumatiser toute la famille mais surtout affecter différemment chacune des jeunes filles dont les personnalités vont diverger davantage à la suite de cette nuit cauchemardesque.
Tandis que Beth devient une auteur renommée spécialisée dans la littérature horrifique, Vera s’enlise dans une paranoïa destructrice. Seize ans plus tard, la famille est à nouveau réunie dans la maison que Vera et Pauline n’ont jamais quittée. Des évènements étranges vont alors commencer à se produire…

 

Malsain jusqu’aux bout des ongles et d’une intensité rare, Ghostland trouve instantanément sa place au panthéon des shockers made in France aux côtés de Martyrs, À l’Intérieur et Haute Tension. Pascal Laugier se surpasse avec ce qui apparaît être indéniablement une nouvelle date dans l’horreur.L’argument : Suite au décès de sa tante, Pauline et ses deux filles héritent d’une maison. Mais dès la première nuit, des meurtriers pénètrent dans la demeure et Pauline doit se battre pour sauver ses filles. Un drame qui va traumatiser toute la famille mais surtout affecter différemment chacune des jeunes filles dont les personnalités vont diverger davantage à la suite de cette nuit cauchemardesque. Tandis que Beth devient une auteur renommée spécialisée dans la littérature horrifique, Vera s’enlise dans une paranoïa destructrice. Seize ans plus tard, la famille est à nouveau réunie dans la maison que Vera et Pauline n’ont jamais quittée. Des événements étranges vont alors commencer à se produire…Notre avis : Pascal Laugier tourne peu (quatre films en quatorze ans) mais tourne bien (Saint Ange, Martyrs, The Secret), et nous le prouve encore magistralement avec Ghostland, tout fraîchement adoubé à Gérardmer (Grand Prix, Prix du Public, Prix du jury SyFy). Ecrit et tourné par ses soins, ce nouveau long métrage lui aura pris quatre à cinq mois d’écriture et quarante-deux jours de tournage au Canada. En à peine un an le film était en boîte sous un contrôle artistique absolu, enrôlant au passage la star de la chanson Mylène Farmer au sortir d’une collaboration féconde entre les deux artistes sur le clip City of Love. Le résultat n’est ni plus ni moins qu’un nouveau jalon de l’horreur extrême made in France, à la hauteur de Martyrs, autre œuvre choc qui avait fait la renommée du cinéaste dix ans plus tôt. Car on peut vous assurer que dans dix ans, on reparlera encore de Ghostland, probablement en le citant lui aussi comme une référence.
Avec ce penchant toujours très prononcé pour la radicalité, de celle qui composait l’essence des fleurons libres et sauvages des années 70, Pascal Laugier va déjouer sans cesse les attentes du spectateur en bousculant les codes de la narration, laissant toujours l’issue de son histoire incertaine. En à peine quelques secondes, on est absorbé par le long métrage, transportés, sans savoir vers quelle trajectoire il nous embarque, et c’est très certainement ce qui rend l’expérience si excitante, aussi extrême soit-elle.

L’entame nous situe en voiture, aux côtés d’une mère de famille et de ses deux filles, en route pour un nouveau foyer et une nouvelle vie. Une féroce menace couve et lorsqu’elle choisit d’éclater (sur le mode du home invasion) c’est le début d’un cauchemar à l’état pur d’une force et d’une intensité qu’on ne voit que très rarement sur un écran. À partir de cet instant, plus une seule minute ne nous sera accordée pour reprendre notre souffle et sortir la tête de cette posture cauchemardesque. Pour accentuer le sentiment de malaise et d’oppression, Laugier maîtrise l’affaire en usant d’un travail d’orfèvre sur la gestion du cadre et de l’espace. Couloirs, coins et recoins, rampes d’escalier deviennent berceaux de nos angoisses et laissent la caméra circuler avec une fluidité époustouflante, complétée par un montage véloce. Même s’il ose repousser les frontières du soutenable de façon continue (scènes de séquestration avec brutalités et attouchements, suggérant même encore plus affreux), le film ne doit jamais se voir comme une succession de scènes gratuites. L’histoire suit une orientation, vers toujours plus de profondeur et renforce notre attachement envers les personnages. Autour de toutes les atrocités commises se dessine une métaphore puissante sur la perte de l’innocence et le passage à l’âge adulte, alors qu’au premier degré une jeune fille qui se passionne pour l’écriture de romans d’épouvante (Lovecraft en mentor) veut embrasser une carrière d’écrivaine.

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Inévitablement, l’on doit évoquer le casting et notamment celui si secret de Mylène Farmer qui, 24 ans après Giorgino, livre une interprétation vraiment crédible et sans fausses notes. Mais celles qui étonnent le plus, ces sont les jeunes Crystal Reed et Tyler Hickson tant l’état psychologique, à mesure que se déploie le calvaire, est bien retranscrit dans leur incarnation crédible et réaliste. Quant aux deux horribles boogeymen, nul doute qu’ils feront date et laisseront une marque durable dans l’esprit du spectateur. À l’arrivée, Ghostland est une expérience dont on se refuse de trop expliciter le récit tellement il est important de découvrir sa puissance par soi-même : elle réussit à provoquer en nous une peur viscérale, un malaise délicieusement choquant qu’on ne peut que porter au pinacle cette production atypique et unique dans notre cinématographie.
En cette année 2018, le cinéma de genre vibrera au nom d’un seul homme : Pascal Laugier dont on est encore une fois les martyrs consentants, mais téméraires, apôtres éternels de ses fantasmes morbides et de ses tourments de visionnaire.
Chef d’oeuvre.