Coexister

Genre Comédie
Nationalité français

 

Sous la pression de sa patronne, un producteur de musique à la dérive décide de monter un groupe constitué d’un rabbin, un curé et un imam afin de leur faire chanter le vivre-ensemble. Mais les religieux qu’il recrute sont loin d’être des saints…

 avis : En ces temps de religiosité chatouilleuse, décider de traiter de la cohabitation entre les religions peut s’apparenter à de la provocation ou à de l’inconscience. En 2010, Fabrice Eboué réalise en duo avec Thomas N’Gijol Case départ, puis quelques années plus tard Le crocodile du Botswanga en trio avec Lionel Stekette et toujours Thomas N’Gijol. Coexister tout comme les deux précédentes réalisations, choisit l’angle de l’humour bien corrosif pour nous parler d’un voyage permettant à ceux qui le pratiquent d’apprendre à mieux se connaître et à progresser (ici, la tournée qui, en réunissant des personnes diamétralement opposées, modifiera définitivement l’axe de leur existence.). Mais cette fois, c’est seul que, coiffé de la triple casquette de scénariste, réalisateur et acteur, l’humoriste se lance dans cette nouvelle aventure qui, inspirée par l’histoire des Prêtres (ce groupe de trois prêtres-chanteurs créé à l’initiative de Monseigneur Di Falco qui révolutionna le monde du show biz de 2010 à 2014), peut, de prime abord, susciter méfiance et doute.

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Pourtant, entre bonne humeur et rire, on se laisse emporter par le parcours de ces cinq personnages hauts en couleurs qui, entre maladresse et besoin d’exister, dissimulent leur mal-être à travers la dérision.
Ce groupe musical dépareillé composé de Guillaume de Tonquédec dont la soutane de curé lui accorde une allure de brebis innocente et à qui l’on « donnerait le Bon Dieu sans confession » ; Ramzy Bedia hilarant en ex-chanteur de raï raté transformé pour la circonstance en imam improvisé, épicurien et antisémite, irrésistiblement attiré par le saucisson, l’alcool et les filles faciles ; tout l’opposé de Jonathan Cohen, rabbin autrefois idole des bar-mitsva, devenu maître dans l’exercice de la déprime suite à une circoncision loupée, vivant entre exaltation incontrôlable et abattement sans fond ; il est managé par un producteur désabusé (Fabrice Eboué) et son assistante plus désespérée de solitude que réellement nymphomane (la malicieuse Audrey Lamy). Le tout surfe avec allégresse sur les oppositions entre les trois religions les plus représentées en France. Un joyeux prétexte pour dénoncer le cynisme partout présent, tant dans le monde du divertissement plus préoccupé par la rentabilité que par la qualité que dans celui de la spiritualité trop souvent utilisée pour crisper les sociétés du monde entier à des fins politiques ou guerrières plutôt que d’élever l’âme des croyants. Adoptant un ton satirique bien plus que moralisateur, le texte envoie sans répit réparties osées et blagues impertinentes , insufflant une énergie réjouissante à cette farce pleine de gaîté.

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Cette comédie irrévérencieuse aux gags quelquefois trash gênera sans doute les plus vertueux d’entre nous mais émoustillera assurément ceux qui, face à une perpétuelle perte de repères humains, ont choisi de rire plutôt que pleurer. Caustique mais jamais méchante, cette parodie prend bien soin de ne blesser, ni stigmatiser personne. Derrière son allure légère, elle ne manque pas de distiller son appel « au vivre-ensemble » grâce à quelques répliques intelligentes et bien amenées.
Ce film grinçant et décapant n’a certes aucunement l’intention de porter un quelconque message. On en retiendra cependant que l’union fait la force et que le rire reste le meilleur rempart contre l’intolérance et les préjugés.