Burn Out

Date de sortie 13 Juin 2018 (1h 43min)

 

Genre Action
Nationalité français

 

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Tête brûlée, accro aux sensations fortes, Tony ne vit que pour une seule chose : devenir pilote professionnel de moto superbike. Jusqu’au jour où il découvre que la mère de son fils est liée à la pègre manouche. Seule issue pour la sortir de cet engrenage : mettre ses talents au service des truands. Pilote de circuit le jour, go-faster la nuit, Tony est plongé dans une spirale infernale qui le mène au bord de la rupture…

Un titre concis pour un film qui ne l’est pas moins ! Dans un climat d’urgence, Burn-out nous fait respirer avec la même acuité l’odeur de cette figure appelée « burn » qui consiste à faire brûler le pneu de la moto et le parfum de stress physique, mental et émotionnel du personnage épuisé par une accumulation de contraintes perturbantes. Dès les premiers plans, l’action nous embarque au cœur d’une course à couper le souffle garante de sensations rarement rencontrées au cinéma et donne le ton à ce film dont l’intensité ne se démentira jamais. Après Captifs en 2009 et Un homme idéal en 2014, Yann Gozlan nous propose une fois encore un thriller à l’efficacité nette sur fond de spirale infernale happant sur son passage un jeune homme intègre que son sens du devoir et des responsabilités entraîne, bien malgré lui, dans une aventure haletante. Le récit froid où le héros solitaire, livré à lui-même (en filigrane quelques gyrophares lointains signalent la présence d’une police qui n’interviendra jamais) dans un univers clos obéissant à des codes bien particuliers, maintient le suspense d’un bout à l’autre. La mise en scène n’hésite pas à s’éloigner de la réalité pour nous permettre de partager au mieux cet engrenage infernal et inéluctable et nous plonger au cœur d’une expérience immersive et sensorielle à nulle autre pareille.

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Si la violence est omniprésente jusqu’à devenir oppressante, elle est rendu supportable grâce à l’humanisation discrète dont sont imprégnés les personnages, même les plus terrifiants, les rendant sensibles malgré eux grâce à la complicité de comédiens maniant à la perfection l’art de la nuance. François Civil, entre détermination et fragilité, porte avec poigne le film du début à la fin et suscite une empathie instantanée. Caracolant à la vitesse de l’éclair sur son monstre d’acier, il dégage une présence magnétique renversante. Dans la peau de ce Tony renfermé et peu bavard, uniquement concentré sur l’action il sait trouver les regards justes et les attitudes appropriées pour laisser passer la parfaite dose d’émotion. Face à lui, Olivier Rabourdin se glisse avec un plaisir communicatif dans la peau de ce truand menaçant et ambigu. Il nous brinquebale sans ménagement entre chaud et froid, capable d’affirmer avec aplomb et sincérité de grands principes moraux, puis dans la minute qui suit de se comporter en chef de clan implacable. Entre ces deux rôles marquants s’insinuent Moussa, un personnage dur mais attachant finalement assez proche de notre héros à ceci près qu’il n’a pas eu la chance de tomber du bon côté de la barrière sociale, et Jordan, petite frappe tout à la fois drôle, inquiétante et imprévisible que Samuel Jouy habille de toute la diversité de son jeu tant à travers son look que son phrasé. Il est le catalyseur de la rage de Tony et contribue à accélérer la tension latente. S’il s’agit assurément d’un film doté d’une puissance toute masculine, la présence de Leïla, femme blessée mais forte, apporte une douce note de romantisme à ce polar noir que le réalisateur a tenu à parsemer de couleurs vives, loin de l’aspect délavé souvent associé à ce type de film.

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Entre violence et pudeur, entre prouesse technique et chronique de banlieue, Yann Gozlan réussit le difficile exploit d’associer sans faillir rythme infernal et personnages finement ciselés et propose un film astucieux qui devrait satisfaire tant les amateurs de thrillers que les passionnés de sports mécaniques.