Annabelle 2 : la Création du Mal

 

Elle est de retour ! Encore traumatisés par la mort tragique de leur petite fille, un fabricant de poupées et sa femme recueillent une bonne sœur et les toutes jeunes pensionnaires d’un orphelinat dévasté. Mais ce petit monde est bientôt la cible d’Annabelle, créature du fabricant possédée par un démon…

 

« Annabelle 2 : la création du mal », le film de hantise comme un des Beaux-Arts

Par Jacky Bornet @Culturebox
Journaliste, responsable de la rubrique Cinéma de Culturebox

Publié le 08/08/2017 à 08H49

Talitha Bateman dans "Annabelle 2 : la Création du Mal" de David F. Sandberg
Talitha Bateman dans « Annabelle 2 : la Création du Mal » de David F. Sandbe

Il y a bien une signature James Wan. Réalisateur-initiateur de la franchise « Saw », il s’est particulièrement penché sur le renouvellement des films de fantômes depuis « Dead Silence », puis surtout les franchises « Insidious », « Conjuring » et désormais « Annabelle ». S’il ne fait « que » produire cette suite, l’on sent indéniablement la « patte » du maître.

 La méthode James Wan

Le réalisateur David F. Sandberg, derrière la caméra, ne démérite pas et a déjà montré son savoir-faire dans le très efficace, original et ambitieux « Dans le noir« . Le premier « Annabelle » se déroulait dans les années 70 et faisait écho aux films fantastiques de l’époque (« L’Exorciste », « La Malédiction », avec en fond de cour leur initiateur « Rosemary’s Baby »). Cette suite a l’élégance d’être introduit par un prologue minuté au cordeau situé dans les années 40, pour se projeter 12 ans plus tard au cœur des années 50, époque bénie aux Etats-Unis. L’on n’en verra pourtant pas grand-chose, toute l’action étant concentré dans cette « maison du Diable », en proie à toutes les manifestations spectrales les plus éprouvantes.

La « patte » James Wan repose sur des scénarios bien agencés autour d’une thématique classique du fantastique, en respectant une facture gothique éprouvée. Le soin apporté à l’image, tant dans les lumières que les cadrages – où les ténèbres et recoins suggestifs recèlent des surprises épouvantables qui n’attendent qu’à vous happer – participent de l’épouvante, pour mieux vous hanter, vous posséder. De très élaborées bandes sonores  n’y sont pas pour rien, doublées dans cet « Annabelle 2 » d’une musique atonale particulièrement terrorisante de Benjamin Wallfish (« Dans le noir », les futurs « Ça » et « Blade Runner 2049 »).

Crescendo dramatique

« Annabelle 2 » ne déroge pas au penchant très américain à donner les origines d’un sujet, d’un personnage, d’un concept… auquel le public a adhéré (préquelle dans le jargon). La trouvaille n’est pas forcément des plus convaincantes ou originales, seulement le prétexte à une suite, sous le couvert d’une prétendue révélation. Ici, le motif en vaut un autre, tout en étant bien amené avec des conséquences cohérentes dans le récit de ce groupe d’orphelines accueillies par le créateur de la poupée démoniaque, après le décès de sa fille 12 ans auparavant. On n’en dira pas plus…La gageure, bien relevée par le duo James Wan/David F. Sandberg, est d’enquiller à un rythme d’enfer les scènes de hantise sur des durées inhabituelles, très longues, aux plans séquences successifs, dénués de plans de coupe, avec des bruitages inquiétants et une musique angoissante qui mettent les nerfs et l’échine à rude épreuve. Pas un moment de répit. Il y a bien sûr quelques effets de surprise de trop et les apparitions démoniaques ne sont pas toujours à la hauteur (moins on en montre, mieux ça vaut, et le film n’en abuse pas). Mais plus qu’une suite de scènes qui pourraient devenir autant de sketches, le film recèle un vrai crescendo dramatique, et la jeune Talitha Bateman dans le rôle de Janice au cœur de l’intrigue, fait preuve d’un professionnalisme sans faille lors d’une prestation très physique que l’on devine éprouvante pour ses frêles épaules. Ses consœurs ne déméritent pas à ses côtés. Les amateurs apprécieront : âmes sensibles s’abstenir…